Astuces pour une bonne biosécurité

Sylvie Annen & Bruno Louvel

Conseillère technique porcs

La Biosécurité est définie comme la mise en œuvre de mesures visant à réduire le risque d’introduction et de propagation d’agents infectieux dans une exploitation. Ces mesures doivent maintenir ou améliorer l’état sanitaire des animaux et par conséquence réduire le besoin d’antibiotiques. On distingue la Biosécurité externe et interne.

Mesures de Biosécurité externes :

L’objectif est d’empêcher ou de limiter le risque d’introduction d’un nouvel agent pathogène dans une exploitation et repose sur un ensemble de règles à mettre en place. Les sources de contaminations potentielles sont multiples et il est important de les identifier pour proposer des mesures de protection adaptées.

Sources de contaminations vivantes

  • Achat d’animaux d’une autre exploitation, idéalement devrait passer dans un local de quarantaine.
  • Départ des porcs à l’abattoir, si des porcs d’une autre exploitation se trouve dans le camion
  • Les personnes entrantes dans l’exploitation
    –  Panneaux « Accès autorisé uniquement en présence du personnel d’exploitation ».
    –  Journal des visites pour la traçabilité en cas d’infection
    –  SAS d’hygiène avec 3 zones pour visiteurs et employés, une zone sale (tenues extérieurs), une zone de lavage (désinfections des mains, douche) et une zone propre (tenues de la porcherie)
  • Les autres vivants : rongeurs, oiseaux, animaux de compagnie (chiens, chats), animaux sauvages.

Sources de contamination inertes

  • Camions et transports
    –  Lavage et désinfection du véhicule après chaque transports et changement total des tenues au retour.
    –  Quai d’embarquement des animaux à sens unique et zone d’activité du chauffeur ne doit pas croiser celui du porcher.
    –  Lors de livraison d’aliments et de litière, le chauffeur ne doit pas rentrer dans les bâtiments.
    –  Acheminement de l’eau
    –  Equarrissage : le camion de collecte ne doit pas entrer dans l’enceinte de l’exploitation, les cadavres ne doivent pas être accessibles aux animaux sauvages, véhicule et vêtements spécifiques lavés et désinfectés au retour.
    –  Transport de lisier (entreprise d’épandage) : vidange de la citerne, hygiène globale à respecter
  • Achats : Semence, matériel courant, produits vétérinaires, …
  • Matériels en commun avec d’autres exploitations ; appareil d’anesthésie pour castration, système de contention pour le parage des onglons des truies, appareil d’échographie, d’ultra-son, …
  • Météo : l’air peut transporter des agents pathogènes sur plusieurs kilomètres (par ex : Pneumonie enzootique, Grippe, …)

Mesures de Biosécurité interne :

L’objectif est d’empêcher qu’une maladie existante sur l’exploitation ne se propage à d’autres zones de l’exploitation et de diminuer la pression d’infection. Tous les animaux doivent circuler dans des couloirs nettoyés et désinfectés.

La gestion des animaux malades (réservoirs importants d’agents pathogènes) est primordiale : ils doivent être isolés du groupe afin de ne pas transmettre leur pathologie au reste du groupe. Un traitement précoce et adapté du porc malade réduira le développement de germes et diminuera sa contagiosité. Désinfecter les zones de transit souillées après tout mouvement d’animal malade (en cas de diarrhée).

Les balais, rabots, chariots de transfert, bottes, mains, seringues-aiguilles, lames de castration sont des vecteurs potentiels d’agents pathogènes au sein d’une exploitation : nettoyer et désinfecter tout ce qui est à usage multiple entre 2 interventions et jeter tout ce qui est à usage unique.

Les visites et interventions doivent se faire dans une chronologie établie : SAS Sanitaire → Maternité → Gestantes → Post-sevrage → Engraissement.

Il est préférable d’utiliser des tenues propres pour s’occuper des postes sensibles (soins en maternité par exemple). Lavage des bottes et pédiluves entre chaque catégorie d’animaux (respectivement chaque chambre)

La Biosécurité réside dans le respect de la conduite en « tout dedans – tout dehors », le respect des règles strictes d’hygiène, l’application d’un protocole de nettoyage (et de désinfection) complet dans les différentes salles. Bien choisir son désinfectant en fonction des pathogènes à neutraliser et des températures ambiantes. Enfin, les animaux entreront dans leur boxe lorsqu’il sera sec et tempéré.

Peste Porcine Africaine :

La peste porcine africaine est une maladie animale (non transmissible à l’homme) causée par un virus qui touche exclusivement les porcs domestiques et les sangliers. Le taux de mortalité des porcs domestiques infectés est proche de 100%. Aucune vaccination, aucun traitement n’est possible. Les modalités de transmission sont nombreuses, comme listés sur l’image ci-dessous :

Source: ifip.asso.fr/mesures-de-biosecurite-recommandees-pour-les-elevages-vis-a-vis-du-risque-de-fievre-porcine-africaine/

Mesures de Biosécurité recommandées vis-à-vis de ce risque

Protéger vos animaux en respectant les règles de Biosécurité suivantes :

  • Déclarez immédiatement tout cas suspect (vivant ou mort)
  • Respectez les précautions sanitaires dans votre exploitation
  • Ne pas nourrir vos porcs avec des déchets de cuisine
  • Nettoyez et désinfectez tout matériel partagé avec l’extérieur
  • Contrôlez le flux des visites
  • Empêchez tout contact direct ou indirect avec les sangliers avec des clôtures de 1,2 -1,5 m de hauteur
    1. Les parcours en plein air des porcs sont clôturés avec une distance d’un mètre minimum entre la clôture et le parcours
    2. Les fumières, les silos à fourrage, les aires de stockage de la paille et foin doivent aussi être clôturés avec une distance d’un mètre
    3. Les rampes de chargement ne doivent pas être accessibles aux sangliers

La solution optimale consiste à clôturer la périphérie de l’ensemble du site avec un grillage métallique d’une hauteur minimale de 1,2 -1,5 m de haut, à mailles serrées en bas (empêcher les marcassins de passer) et à 1 m minimum des zones à protéger.

Ou en sommes-nous et que pouvons-nous faire pour encore mieux se protéger vis-à-vis de l’extérieur ?

La production Suisse est dotée d’un excellent statut sanitaire. L’absence d’importation d’animaux vivant sur le territoire (sauf quelques animaux à haute valeur génétique qui passent par une quarantaine stricte et contrôlée), l’éradication de certaines maladies contagieuses par un assainissement de surface (PE, APP, …), le travail du SSP, les barrières naturelles sont autant d’atouts qui permettent à la Suisse de pouvoir détenir des porcs dans de bonnes conditions sanitaires et donc produire des porcs sans antibiotiques ou presque.

Cependant, des améliorations peuvent encore être mises en place au niveau de la Biosécurité, tant interne qu’externe. Nous devons faire un effort tout particulier pour se protéger du fléau actuel de la Peste Porcine Africaine qui est maintenant à nos portes : il en va de la pérennité de la production porcine en Suisse. Et nous sommes tous responsables de la mise en place des mesures adéquates et de leur respect.

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